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Les gens qui font Troinex

Ehab Nashed, l’épicier d’Alexandrie

A Troinex, l’épicentre est une épicerie qui dépanne inlassablement les habitants depuis plus d’un siècle. Rencontre entre deux ding-dong avec Ehab Nashed, un gérant qui aime les gens.

Ehab Nashed,  13ème personnage de notre série de portraits Les gens qui font Troinex.

En arrivant, on ne remarque pas tout de suite l’encombrante machine à étiqueter les colis, entre le mur de produits en vrac et la fenêtre avec vue sur la Mairie. C’est que l’épicier fait aussi bureau de Poste. Un nouveau service qui accentue le rythme déjà haché de ses journées. Sandwiches frais à la coupe, rôtisserie, produits de base ou spécialités locales, commandes et recommandés. Ici, pas de règles exactes. C’est non-stop. «Il faut être concentré pour pas se mélanger les pinceaux, vous savez. Je suis là toute la journée, du lundi au samedi. J’ouvre à huit heures mais à cinq heures du matin, je suis déjà au marché de Carouge pour choisir mes légumes du jour. Je goûte tout pour savoir ce que je vends. La qualité est essentielle pour moi et pour que les clients soient contents». Depuis qu’il a repris la gérance de l’épicerie de Troinex, en 2006, Ehab Nashed est un homme qui court, cumule les heures et les casquettes. On devra régulièrement interrompre le dialogue, entre les appels et ces tintements qui font les vieilles enseignes. 

«Souvent dans les villages, les anciens magasins qui perdurent changent d’activité. Mais dans ces murs, les épiciers se relaient depuis 1890». Pour en attester, Ehab Nashed monte quatre-à-quatre les escaliers vers la remise pour redescendre une photo de la devanture d’antan. La passion du métier se lit dans ses yeux. Sa bonne humeur est communicative. Il nous fait couler un café. à chaque personne qui rentre, on sent une complicité de village. Une cliente anglophone de la Commune d’à-côté nous dit qu’elle vient pour son courrier et quelques produits spécifiques. Plus tard, un policier en pause ramène un spray à la propolis à M. Nashed: «Tiens, teste, c’est bon contre les maux de gorge». «Tu veux un café vite fait?» lui propose l’épicier. «Une autre fois, on a un truc sur le feu, là». Scènes de la vie ordinaire dans un lieu de sociabilité.

Le goût du service

«Le bon contact, c’est le plus important pour moi. Je donne tout pour mes clients, avec le sourire. C’est comme ça, c’est ma personnalité». Il arrive qu’après la fermeture, M. Nashed livre lui-même quelques commissions à domicile. Il n’hésite jamais non plus à porter des biscuits de la boutique à un client hospitalisé. C’est comme si on pouvait toujours compter sur lui. Et ce n’est pas que ceci va naturellement avec le business, même s’il faut savoir soigner ses passants. On comprend assez vite que rendre service est une valeur transmise, incorporée au quotidien. «Papa était directeur d’école, maman était maîtresse. Je pense que ça vient de mon éducation chrétienne, j’ai grandi comme ça. Ces valeurs religieuses d’hospitalité et d’aide envers les autres ont toujours été centrales». Il marque une pause tendre: «J’éprouve de la joie en servant, c’est peut-être un peu bizarre, mais… je suis comme ça». Il a d’ailleurs toujours voulu travailler dans le domaine. Si ce n’avait pas été une épicerie, il se serait peut-être occupé d’enfants ou des personnes âgées. «Mes rêves d’enfant? Je crois que j’imaginais un petit restaurant, en tout cas avoir mon lieu». Né en 1969 au bord de la mer, à Alexandrie, il quitte l’égypte à 18 ans pour étudier le business et le management à Londres, puis fait carrière dans la restauration.

Famille nombreuse

M. Nashed explique avoir posé ses valises à Genève car son épouse est suisse. Ils sont venus s’enraciner tout près de Troinex pour y faire grandir leur famille nombreuse. Sept enfants de 5 à 20 ans dont l’épicier montre avec fierté le portrait, qu’il garde encadré discrètement derrière le comptoir. «Ce qui me manque le plus avec ce rythme de vie, c’est de ne pas pouvoir profiter de ma famille comme je le souhaiterais. Quand je rentre tard après mes journées j’ai vraiment tout donné, écouté, bougé, parlé. Je n’ai plus d’énergie. Je pense qu’ils voient que je suis fatigué et je sais que ce n’est pas bien, parce qu’ils sont très importants dans ma vie». Ehab Nashed apprécie simplement le repos et la tranquillité avec les siens quand il n’est pas sollicité par son travail. L’église et la foi traversent la conversation puisqu’elles ont une grande place dans le quotidien familial. Il est surtout question de valeurs qu’il mobilise chaque jour dans son métier.

L’écoute et la proximité

Du fond de la boutique, une émission de la BBC ramène vaguement les nouvelles du monde. «Aucune journée n’est la même. Quand j’ouvre le magasin, j’ouvre sur l’extérieur. C’est un peu comme si au passage des gens et de leurs préoccupations, je voyais se dérouler le monde d’aujourd’hui. Or de nos jours, tout le monde court, on n’a pas le temps les uns pour les autres, on est trop occupés». Ehab décrit un besoin de contact et de proximité et constate que les gens semblent trouver chez lui une écoute, un endroit familier pour parler. Derrière la caisse enregistreuse, quand la monnaie se rend, les histoires comme les humeurs des gens circulent et passent par lui. «Ah, si vous saviez combien de secrets je connais des clients! Mais ça reste toujours avec moi, jamais ça ne sort, cette confiance est très précieuse». Une déontologie de l’épicerie, en somme. Et l’épicier a bonne mémoire. Il se rappelle des noms. «Si je vous vois une fois ou que vous me racontez quelque chose, vous pouvez être sûr que je m’en souviendrai. Bien souvent, je vois que cela touche. Et c’est du plaisir pour moi, ça donne beaucoup de sens à mon quotidien. J’ai mes problèmes, que j’essaie de ne pas amener avec moi, et eux ils ont les leurs. Mais je remarque que si je dis ce que je pense d’une situation qu’ils vivent, j’ai l’impression que cela amène quelque chose de commun en retour.» Ainsi, le «comment ça va» commercial revêtira une toute autre saveur au prochain échange.

Le téléphone sonne. «Ah là, c’est un ami, je sais que c’est pour causer mais là je n’ai pas le temps». Il y a cette dame qu’il faut aider pour une lettre à affranchir. Au même moment, un client pressé entre en coup de vent, laisse dégringoler quelque pièces sur le comptoir, de la valeur d’un sac de pommes. «Je dois filer, merci Ehab!» Les commerces de village comme celui-ci sont une porte ouverte sur la confiance. Déjà deux ou trois enfants sont venus acheter des bonbons en sortant de l’école. M. Nashed connaît leurs prénoms. Une sorte de papa public. On lui achète la sauce tomate épicée du terroir pour laquelle on reviendrait volontiers régulièrement. D’autant qu’on sait qu’il se souviendra de notre prénom.

Bio Express

1969

Naissance à Alexandrie

1987

Départ pour étudier à Londres

1991

Diplôme en business et management

1992

Ouverture de son restaurant à Londres

2003

Mariage avec Julie-Anne, son épouse

2004

Naissance de leur fils aîné

2005

Installation en Suisse

2006

Reprise de l’épicerie de Troinex

2016

Ajout de l’activité de bureau de Poste


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