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Les gens qui font Troinex

J’ai appris à savourer chaque moment

Depuis 2018, Olinda Gonçalves assure le soin quotidien d’un grand lotissement de la commune. Rencontre dans un dédale de sous-sols avec une concierge minutieusement organisée, qui a travaillé dur pour trouver un nouvel équilibre.

Olinda Gonçalves,  12ème personnage de notre série de portraits Les gens qui font Troinex.

Un bric-à-brac de clés, de tournevis et autres cartes de lessives gonfle les poches de son gilet de bricoleuse multi-tâches. «Je n’aime pas trop qu’on m’appelle Madame. Je préfère simplement Olinda, c’est comme ça que les gens me connaissent, ici». Un peu étonnée qu’on ait choisi de s’intéresser à son histoire qu’elle dit «toute petite comme ça», son sourire franc recouvre une timidité qui disparaitra vite. Au milieu de ce grand «U» d’habitations bâti sur un terrain agricole, les jardins sont tirés à quatre épingles. Et ce ne sont pas des jardiniers qui s’en occupent. Olinda fait tout, intérieurs comme extérieurs, une souffleuse de sept kilos sur le dos façon Ghostbusters. «Certains s’étonnent de voir une femme derrière une débroussailleuse. C’est vrai que ce n’est pas si courant. C’est pas simple physiquement, mais j’adore faire tout ça!» 

Dans le monde du dessous, en passant de portes en buanderies uniformisées reliant le 26 au 28A, on comprend assez vite l’ampleur de la tâche quotidienne. Tout se ressemble et sans elle, on se serait facilement perdu. Olinda s’esclaffe en indiquant un charriot rouge et bleu. «Lui, c’est mon copain de tous les jours, comme je dis aux enfants! J’ai tout mon tralala dessus.» Elle va, vient, remonte. Elle nettoie, entretient, répare les machines, nettoie à nouveau et recharge les cartes de lessive. Il en va de la bonne marche du lieu de vie de toute une collectivité. La cadence est soutenue. En totalité, elle assure la conciergerie de deux bâtiments d’une quinzaine d’appartements chacun. S’ajoutent deux arcades, plusieurs jardins et une place de jeux qu’il faut entretenir en toutes saisons. Il faut imaginer les halls d’entrée à ravoir plusieurs fois par jour en hiver et les jours de pluie. «En vérité, ce n’est pas tant que ça, comparé à avant, avec tout ce que je cumulais à Genève. Ici, c’est plus tranquille et surtout, je vis sur mon lieu de travail.»

Du Portugal à Genève

C’est qu’avant de saisir cette opportunité d’un emploi de concierge à temps plein dans une même unité de lieu, Olinda a vécu dix-huit ans en ville dans un immeuble des Eaux-Vives, avec son mari et ses filles. «Pour vivre, je devais gérer plusieurs bâtiments et faire le tour de Genève matin et soir pour chaque lieu de travail.» Olinda a tout appris sur le tas, cumulant d’abord les emplois de femme de ménage chez des particuliers. Son mari était entre temps devenu chef d’équipe dans une entreprise genevoise après plusieurs années à travailler dans les vignes. Le couple, aujourd’hui suisse, est d’origine portugaise. «On a grandi comme on a pu avec mes cinq frères et soeurs, dans une famille très pauvre, au nord du Portugal. Mes parents ont travaillé dans l’agriculture toute leur vie. A 12 ou 13 ans, j’étais déjà au champs. C’était comme ça à l’époque. Il n’y avait pas vraiment d’autres perspectives en dehors du bâtiment ou de la restauration à Lisbonne, ce qu’ont fait mes frères.» Olinda se marie en 1992, a sa première fille, puis la famille part tenter une vie meilleure, en Suisse. Sa soeur devient femme de chambre dans des hôtels de Verbier, en Valais.

Avancer face aux clichés

«Depuis vingt-huit ans qu’on est ici, on a travaillé constamment pour donner de meilleures possibilités que nous à nos enfants. On n’a manqué de rien mais on ne s’octroyait aucun loisir.» Olinda rappelle la difficulté de la langue apprise en autodidacte, qui reste souvent un handicap pour avancer socialement. «Mon travail nécessite de la gentillesse. Mais parfois les gens pensent que quand vous êtes gentille, vous êtes un peu bête. On le vit, c’est vrai, ce cliché du concierge, du maçon ou de la femme de ménage portugaise. Mais comme je dis toujours: être concierge, il faut savoir le faire! J’ai surtout appris à mes filles à ne jamais se sentir inférieures à cause de leurs origines ou de leur statut». Olinda évoque en détail ce jour où, grâce à une connaissance, elle a l’opportunité de passer l’entretien qui lui permettra de s’occuper du nouveau lotissement de Troinex. Avant de tenter sa chance, Olinda avait rassemblé autour d’elle son mari et ses filles pour les consulter, car si ce poste allait permettre moins de stress et plus de calme, c’était aussi un changement radical pour toute la famille.

Son «truc en plus»

On entre chez Olinda. Un petit robot gère les sols de son appartement, en assistant précieux. «Lui aussi, il fait tout, tout seul, il faut juste ne pas avoir de tapis!» s’amuse-t-elle. L’autonomie est d’ailleurs au coeur de la discussion: «J’apprends en observant les techniciens. Je suis une intermédiaire mais j’aime pouvoir me débrouiller.» Pour Olinda, l’entretien est aussi celui de la relation aux habitants. Une sorte de vocation, un mélange subtil de discrétion et de disponibilité à tout moment. «Il ne s’agit pas que de remplir le cahier des charges. Il faut aimer l’humain. Les gens m’appellent souvent pour un problème, un service, besoin de ceci ou de cela. Donc si je suis là, aucun souci, je prends mon gilet et j’y vais.» Faire les courses pour une voisine âgée, démonter son évier parce que l’eau coule, offrir un café aux technicien… «Je fais énormément de petites choses en plus, ça apporte aux autres mais ça m’apporte à moi aussi en retour.»

Tournée vers l’autre

Son rêve aurait été de travailler pour les personnes âgées, en maison de retraite. «Je crois que c’est un peu tard maintenant, mais on ne sait jamais?» Peut-être une façon de compenser, pense-t-elle, l’absence de ses parents dont elle n’a pas pu s’occuper directement, en quittant le pays. Cet altruisme s’incarne aussi dans l’éducation de ses filles, à qui elle a tenu à garantir une vie «aussi normale que leurs camarades suisses», tout en leur apprenant que l’argent ne tombe pas du ciel. Puis, la vie a imposé d’autres sacrifices. En 2011, la soeur de Olinda décède des suites d’une grave maladie. Olinda et son mari choisissent de se serrer la ceinture et de se battre pour obtenir la garde de leur nièce, qu’ils élèvent depuis comme leur troisième fille afin de lui donner les mêmes chances. 

Vivre des moments

Comme beaucoup d’immigrés portugais, par nécessité économique, Olinda et son mari étaient d’abord venus pour repartir. «Pendant plusieurs années, c’est une logique mentale qui vous empêche d’imaginer autre chose. Ma soeur a travaillé toute sa vie dans l’optique d’économiser pour acheter une maison au pays. Un jour, tout s’est arrêté subitement, sans qu’elle n’ait pu en profiter. Ça a été un choc pour moi. Et un déclic. Je ne voulais plus de cette vie-là.» Alors on change d’optique, on apprend de la jeune génération, on se permet de vivre ici et maintenant. La Suisse est devenu le pays de Olinda. «Je suis bien ici, j’ai envie de rester. Mon plaisir aujourd’hui, c’est de partager du temps en famille, faire un petit voyage, s’offrir une pizza sur un coup de tête, ce qu’on ne se serait jamais autorisés avant.» C’est aussi s’arrêter pour lire un livre, le reprendre quelques jours plus tard. C’est le rituel des dimanches matins dans le même café, avec le même groupe d’amies. «C’est simplement vivre des moments». La couverture d’un des nombreux albums photos qu’elle confectionne après ses voyages le confirme: Momentos de amizade.

Bio Express

1971

Naissance au Portugal

1992

Mariage

1993

Naissance de leur première fille

1995

Arrivée en Suisse, à Gy

2000

Emménagement aux Eaux-Vives

2003

Naissance de leur seconde fille

2013

Accueil de leur nièce 

2018

Emménagement à Troinex


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