A Troinex, l’unique église apostolique arménienne de Suisse a une nouvelle adresse. Baptisé place d’Arménie, son parvis inauguré avec ferveur le 7 mai dernier est un nouveau symbole de la fidèle amitié qui lie la commune genevoise et la communauté arménienne.
Au carrefour de la route de Troinex et du chemin Lullin, le parvis de l’église Saint Hagop débordait cette matinée du samedi 7 mai. Mêlées à de nombreuses personnalités politiques et représentants de la communauté arménienne, plusieurs centaines de personnes sont venues célébrer la pose de la plaque au nom de l’Arménie. Une adresse désormais inscrite dans le domaine public pour l’édifice religieux qui, depuis son achèvement en 1969, attire la diaspora arménienne de tout le pays.
Dans le discours du Maire, Guy Lavorel, on a retrouvé les principaux jalons de cette longue relation de la commune avec le peuple arménien, «fondée sur les mêmes valeurs d’entraide, de respect et de fidélité en amitié». Il rappellera notamment décembre 1988, le séisme qui dévasta la région de Spitak et, dans la foulée de l’entraide internationale, les dons en nature et sacs d’habits qui s’étaient amoncelés sur le parvis de l’église, puis triés et empaquetés par les habitants épaulés par les troupes du colonel François Duchosal. On a aussi entendu les quelques mots vibrants de l’ambassadeur d’Arménie en Suisse, Andranik Hovhannisyan. Pour sa part, Daniel Papazian, président de la Fondation Saint-Grégoire l’Illuminateur, a rappelé la trajectoire de la communauté arménienne, arrivée en Suisse et à Genève à la fin du 19e siècle, poussée à l’exil lors des massacres perpétrés par l’empire ottoman. Après la Seconde Guerre mondiale, alors que beaucoup d’Arméniens provenant du Liban, de Syrie, d’Iran et de Constantinople trouveront refuge dans notre pays, la communauté s’agrandit, avec la nécessité d’avoir sa propre église. C’est ainsi que la dénomination de son parvis prend tout son sens, à la fois de symbole et d’hommage.
Promesse tenue
La cérémonie a été ponctuée de moments forts, tel l’ancestral rituel du pain et du sel offert au Maire en guise de marque d’hospitalité, la bénédiction du site par les autorités religieuses, puis le buffet et les joyeuses danses des enfants en costumes traditionnels qui ont suivi le dévoilage de la plaque.
Arméniens et Troinésiens trinquent. D’un côté comme de l’autre, on se félicite de l’événement qui a concrétisé une promesse. En effet, c’est en avril 2015, lors de la commémoration du centenaire du génocide arménien, que Potter Van Loon, alors Maire de la commune, annonçait que l’Exécutif verrait favorablement l’établissement d’une place d’Arménie. Guy Lavorel a pris le relais avec entrain et doigté. Se sont joints à lui ses deux adjoints, Béatrice Hirsch et Marc Truan, qui ont appuyé le projet. Approuvé par le Conseil municipal en 2018, entériné par le Conseil d’Etat en 2020, sa réalisation a été retardée, pandémie oblige. Elle n’en constitue pas moins une première en Suisse. Des aménagements pour enjoliver la place sont prévus. Un projet de jumelage avec une commune arménienne est en discussion. Le samedi 7 mai restera immortalisé.
Retour en images sur les festivités









L’église Saint Hagop
Dotée d’une volumineuse coupole à seize faces et d’un toit recouvert de tuiles émaillées turquoises, Saint Hagop (Saint Jacques en français) a été conçue par l’architecte Edouard Utudjian, selon les plans de l’église Sainte Hripsimé, érigée au 7e siècle à Erevan, capitale de l’Arménie.
Donation d’Hagop Topalian, riche commerçant résidant en Italie, pour construire l’église.
Acquisition du terrain financée par la communauté arménienne
de Suisse.
Inauguration de l’édifice béni par le chef suprême de l’Eglise apostolique arménienne.
Création du centre culturel arménien en contrebas du terrain. Quelque 800m2 de surface abritent une vaste salle polyvalente, une école et une bibliothèque comptant six mille ouvrages dont certaines pièces rares.