Fameux mégalithe dont la copie est installée dans le parc de la Mairie, la Pierre-aux-Dames fut dressée aux temps préhistoriques sur la commune de Troinex, non loin de Bossey. Pierre aux fées ou de déesses, elle a soulevé de passionnantes hypothèses.

Découverte en 1819, gravée de quatre silhouettes probablement à l’époque gallo-romaine, la Pierre-aux-Dames datée du quatrième millénaire av. J.-C., n’a cessé d’interpeller les spécialistes du 19ème siècle, et notamment Louis Blondel, archéologue cantonal. Ce bloc erratique, en gneiss, fut sans doute vénéré par les populations néolithiques et resta un autel cultuel longtemps après. à ses origines, dressée au cœur d’un ensemble d’autres blocs trouvés lors de fouilles dans les environs, elle fut probablement vouée à un culte en rapport avec le soleil et joua aussi un rôle funéraire. Avec les Romains, elle devint porteuse d’effigies énigmatiques qui lui ont donné son nom. Drapées, semblant tenir dans leurs mains quelques attributs, elles seraient vraisemblablement des déesses de la fécondité terrestre, protectrice des villages et des champs. Mais elles ont aussi évoqué d’autres hypothèses, reconnues tour à tour comme quatre femmes éprises du même homme et abandonnées, ou comme des fées, objets de dévotion.
De transfert en transfert
La pierre fut transportée au parc des Bastions en 1872, près de la statue de David de Jean-Etienne Chaponnière. Pas une mince affaire. Longue de 3m, haute de 1,50m, elle pèse plus de trois tonnes. En 1922, la direction du Musée d’Art et d’Histoire de Genève avait déjà attiré l’attention sur les risques de dégradation qu’elle courait, couverte de lichens à l’ombre des arbres. Classée monument historique en 1921, elle finira par être installée dans la cour du musée genevois au printemps de 1942. A la fin des années 1990, Béatrice Luscher, alors maire de Troinex, souhaite faire revenir le fameux menhir dans le village. Pour garantir les mesures de conservation et de mise en sécurité, un accord est trouvé avec la Ville de Genève et son institution muséale. En septembre 1998, une copie, un moulage de fibre de verre patinée, sera installée dans le parc de la Mairie.

Transfert de la Pierre-aux-Dames dans la cour du Musée d’Art et d’Histoire, printemps 1942.
La pierre de 3m sur 1,50m pèse plus de trois tonnes.Troinex, villa romaine?
La copie de la Pierre-aux Dames offre une belle occasion de se pencher sur l’histoire antique de la commune. Alors bien visible depuis les hauteurs du Salève, le menhir a longtemps constitué un pôle d’intérêt dans la région genevoise. En évoquant l’époque gallo-romaine, il nous ramène aussi à Troinex sous ses diverses appellations apparues dès l’an 1100: Triumniacum, puis Tronacum, Troinacum, Troisnay et Troisina. «De toutes ces étymologies, parfois fantaisistes, la plus plausible reste Trionius», relève Catherine Santschi, historienne, dans l’ouvrage «Histoire de Troinex» (1991), co-écrit avec David Hiler et Françoise Nydegger. «Le nom serait dans cette hypothèse, le propriétaire d’une terre, d’un domaine ou d’une villa», explique-t-elle. Selon le plan reconstitué par Louis Blondel, la route romaine d‘Annecy à Genève passait effectivement près d’une villa sur le territoire de l’actuelle commune troinésienne, puis rejoignait le Rondeau de Carouge.
Bio Express
Première mention du menhir par Eusèbe Salverte, savant français
La pierre est transportée au parc des Bastions
Elle est transférée au Musée d’Art et d’Histoire de Genève
Copie de la Pierre-aux-Dames
Installation de la copie dans la cour de la Mairie de Troinex