Lisete Dinis est la responsable des cantines scolaires «les p’tits loups». Cette Troinésienne d’adoption est au four et au moulin pour les enfants de la commune.
Lisete Dinis, 4ème personnage de notre série de portraits Les gens qui font TroinexL’aventure helvétique commence en 1986 pour Lisete Dinis qui est née en 1972 au Portugal. C’est cet hiver des années 80 qu’elle choisit pour faire ses bagages direction la Suisse. Vernier plus précisément. C’est dans la deuxième ville du canton que sa soeur vient de mettre au monde une fille. «Le pays était recouvert de neige» se souvient-elle.
A 14 ans, Lisete a déjà le sens des responsabilités et de la famille. Elle vivra avec sa soeur et sa petite durant près de 7 ans afin d’aider à l’éducation de sa nièce, avec laquelle elle crée un lien très fort. «C’était dur au début.
A l’époque, les parcours de migrant·e·s étaient compliqués même pour les Portugais. Je ne parlais pas encore la langue. Je n’avais pas vraiment d’amis.» Vous le verrez, avec le temps, tout cela a bien changé.
Le voyage était prévu pour une année, mais l’attachement est tel que Lisete prendra la décision de rester.
Une famille qui se construit
À 18 ans, Lisete fait une rencontre importante : celle de son mari avec qui elle déménage dans le quartier de Champel. «J’ai connu Paulo en 1990 en boite de nuit. Ce n’était pas encore l’époque des applications, poursuit-elle en souriant. Nous vivions dans un petit appartement et quand notre premier enfant est arrivé, il nous a fallu chercher un endroit plus spacieux pour pouvoir continuer à construire notre famille.» Troinex ? Lisete voulait absolument y vivre. Des gens adorables de la commune lui avaient fait découvrir ce petit coin de paradis. Le charme opère puisque Lisete et les siens s’y sont établis il y a de cela deux décennies ; de belles années passées à Troinex à prendre soin de ses deux enfants aujourd’hui âgés de 23 et 25 ans…

Les p’tits loups
Mais voilà, les enfants grandissent, deviennent adolescents et s’émancipent. Lisete décide donc de répondre favorablement à une proposition professionnelle. «C’est en 2006 que l’on m’a proposé de travailler aux cuisines scolaires. Comme je finissais tôt, cela me permettait de continuer à m’occuper de mes enfants. J’ai donc tout de suite accepté. Ce travail, continue-t-elle, me permettait de consacrer du temps à ma famille et d’être au contact des enfants, ce que j’adore». Garde-t-elle un souvenir de chaque enfant qui passe ? «J’essaie, mais ce n’est pas toujours facile. Ils grandissent si vite. Eux, par contre, se souviennent de moi. C’est très sympa de se faire saluer parfois tant d’années après. J’aime vraiment travailler avec les enfants. Depuis quelques années, j’ai même mes petits neveux, Roméo et Valentina, aux cuisines scolaires à midi, et à quatre heures à la maison.»
Une famille passionnée
Malgré le temps qui passe, la famille Dinis reste très soudée. Aujourd’hui, les enfants étudient. Isaac fait un master en micro-technique à l’EPFL alors que Sara se forme en physiothérapie. «On est toujours fiers de ses enfants, surtout quand ils ne nous créent pas de soucis. Nous partageons des activités. Je suis une passionnée de nature, de montagne et surtout du Salève, nous allons souvent y faire des randonnées. Je fais aussi de la grimpe avec mon fils.» Un fils, qui outre son amour du piano, de la guitare et du parapente, partage aussi du temps avec son père puisqu’ils sont membres des pompiers volontaires.
La nature et la danse
Les passions de Lisete sont nombreuses et plutôt sportives. «Ce matin, je suis allée courir à 5h30. J’adore la course à pieds. Je cours depuis 20 ans et Troinex est idéal pour ça. Chaque année, je participe à l’incontournable Course de l’Escalade. Mon mari m’accompagne aussi le dimanche.» Plus surprenant, nos deux amoureux partagent une passion pour la danse de salon. «Nous nous sommes lancés il y a un peu plus d’une année. Je trouve que c’est important de partager du temps en couple. De faire quelque chose pour nous.» Un activité qui permet à Lisete de vivre sa passion pour la musique. «J’ai toujours admiré ces couples qui dansent la valse, le rock, le cha-cha-cha. Ma préférée ? Le tango ! C’est si sensuel.»
Et si vous vous posiez la question, oui son mari suit comme il faut ! «Nous sommes au début. Il aime bien. Il a du plaisir. La preuve ? On s’entraîne même à la maison.»
Pour Lisete, il n’y a pas de doute, Troinex, c’est trois fois mieux ! «Nous avons la chance d’avoir la nature à deux pas de la ville. C’est un endroit où il est facile de se faire des amis, de partager des moments ensemble. Les liens sont très forts entre les habitants et la commune est magnifique, surtout en cette période de Noël. J’aime beaucoup me promener au bord de la Drize. Il nous arrive aussi de faire des grillades dans le parc. C’est dur de s’imaginer quitter Troinex.» Autant dire que la famille Dinis n’est jamais à court d’idées pour vivre à fond les quatre saisons.


BIO EXPRESS
Naissance à Tomar au Portugal
Arrivée à Genève à 14 ans pour s’occuper de sa nièce.
Lisete rencontre son mari
Paulo et Lisete se marient au Portugal
Naissance d’Isaac et déménagement à Troinex
Lisete et sa famille deviennent suisses
Lisete commence à travailler aux cuisines scolaires
Lisete et son époux commencent la danse de salon
Nourrir les p’tits loups
Lisete Dinis est responsable des cuisines scolaires depuis une quinzaine d’années.
Combien d’enfants sont inscrits aux cuisines scolaires ?
Quand j’ai commencé, ils étaient 50. Aujourd’hui nous sommes autour des 180 bouches à nourrir chaque jour. Une dizaine d’animateurs sont présents pour les encadrer. Sincèrement, je trouve que les enfants sont bien élevés et respectueux.
Comment ça se passe concrètement ?
Chaque jour, je consulte le répondeur afin d’adapter le nombre d’inscrits auprès du traiteur avec lequel nous avons d’excellents rapports.
Quels sont les souvenirs qui vous ont le plus marqué ?
Il y en a beaucoup, mais c’est vrai que les débuts d’année sont un peu compliqués pour les tous petits qui commencent l’école. Ils ne sont pas encore habitués à l’environnement des cuisines scolaires, mais mes collègues et moi faisons tout pour que ces petits loups se sentent rassurés. Il faut quand même dire qu’ici, ils ont beaucoup de chance. Avant le COVID, les parents venaient aussi nous aider. Les petits étaient trop heureux et fiers de pouvoir présenter leur maman et leur papa. C’était très mignon. Il y aussi des moments de convivialité comme l’Escalade. On y casse la marmite. Il m’arrivait aussi de me déguiser. Je trouve que c’est important de marquer ces moments et d’être jovial lorsque l’on travaille avec des enfants de 4 à 12 ans.
Quels sont les repas préférés des petits ?
Je ne vais pas vous surprendre en vous disant : pizza, pâtes et lasagne. Evidemment, ce n’est pas tout ce qu’ils mangent. Nous faisons des opérations spéciales aussi comme en fin d’année, où le père Noël est présent et distribue des paquets surprises aux enfants lors d’un repas spécial pour l’occasion. C’est toujours un grand succès.
Les jeunes regardent-ils encore au fond de leur verre pour savoir quel âge ils ont ?
Oui ! Il y a des choses qui ne se démodent pas. «J’ai 16 ans, j’ai 32 ans et toi tu n’as qu’un an». C’est drôle !