Dans un bel écosystème accessible aux riverains, la mairie parraine trois des quinze ruches où des milliers d’abeilles assurent bien plus qu’on ne le croit. L’apicultrice qui veille sur le rucher de Troinex nous rappelle combien ces butineuses sont des alliées à protéger.
Stéphanie Vuadens, en quoi ce lieu est-il propice à l’épanouissement des abeilles?
Cela fait trois ans que les ruches ont été introduites ici. Elles y sont bien parce qu’en pleine nature, au milieu d’essences indigènes et abritées du vent qu’elles détestent. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle fabriquent la fameuse propolis, résine qui leur permet d’assainir la ruche et de calfeutrer les entrées d’air. Et puis nous sommes loin des habitations, avec de grandes surface champêtres autour. Et qui dit champs, dit fleurs…
…et donc pollinisation?
En butinant le nectar et le pollen des fleurs, elles pollinisent 80% des fleurs qui, une fois fécondées seulement, pourront donner les fruits et légumes que nous consommons. Si vous avez un fruit, c’est donc qu’une abeille est passée par là, ou un autre insecte pollinisateur.
Combien d’individus vivent dans une ruche et quelle est leur durée de vie?
Dans une ruche, il y a en général des essaims de 40’000 abeilles domestiques. L’été cela peut monter jusqu’à 80’000, voire 120’000, s’il y a une bonne osmose: une bonne température, une quantité de place et de nourriture suffisante au gré des saisons et une reine qui pond son quota d’oeufs. Une abeille domestique peut vivre une cinquantaine de jours en été, trois ou quatre mois en hiver.
Pourquoi cette différence?
L’été, les abeilles s’épuisent plus vite à la tâche. Il faut imaginer que butiner représente des aller-retours éreintants entre le transport d’eau et de nourriture. Les abeilles d’hiver vivent plus longtemps car elle ne sortent que peu. Mais cela ne veut pas dire qu’elle dorment! Leur job est de maintenir la reine en vie. Celle-ci pourra ainsi pondre pour créer un nouveau cycle de vie à l’intérieur afin d’assurer la suite. Pour cela, les hivernales se nourrissent du miel récolté par leur soeurs durant l’été.
Les premières consommatrices de miel sont donc les abeilles!
Oui, et il ne faut pas l’oublier! Les humains ont bien compris le bénéfice de l’exploitation du miel. Mais ce doit être secondaire. Il s’agit avant tout d’assurer leur bien-être en gérant le bon équilibre de la ruche. Cela demande des compétences à renouveler pour faire face aux nombreux défis d’aujourd’hui, tels de nouveaux parasites et prédateurs, l’urbanisation ainsi que le réchauffement climatique qui ont un impact direct sur leur source première de nourriture. Or, les abeilles sont indispensables à notre écosystème en retour. Il faut le voir comme une alliance entre espèces, une collaboration à soigner, à protéger.
Sans être apiculteur, que peut-on faire à son niveau pour protéger les abeilles?
Je pense que le plus important, si on a un jardin, c’est de planter des fleurs, un geste simple qui participe à leur survie. On peut penser à laisser des tas de branches, des coquilles vides, que des abeilles sauvages choisiront d’habiter s’il y a de quoi butiner aux alentours. Localement, on peut par exemple parrainer une ruche, comme le fait la mairie de Troinex. C’est d’ailleurs pour cela qu’existe la fondation Arche des abeilles pour leur sauvegarde et l’éducation des plus jeunes.
Les troinésiens peuvent donc s’impliquer pour les protéger?
Tout à fait, leur présence dans ce parc en témoigne. En retour, chaque Noël, la mairie redistribue le miel du rucher de Troinex aux ainés de la commune.
En savoir plus : archedesabeilles.ch