Un premier court-métrage récompensé pour un avenir tout tracé
C’est en 2017, alors qu’il se rend au cinéma pour assister à la nouvelle adaptation de Blade Runner qu’Ilan Rudisuhli, âgé de 14 ans à ce moment, comprend que c’est «ça». La réalisation, c’est à ça qu’il veut consacrer ses journées.

Amateur de photographie, il est fasciné par l’arrangement des scènes, la précision et le talent artistique de Denis de Villeneuve qui parvient à donner vie aux images. «Après avoir vu deux fois Blade Runner, je n’ai pas encore tout à fait compris l’histoire mais je peux prendre chaque séquence de ce film et en faire un tableau.» Ilan commence ainsi à filmer son quotidien, des instants de vie avec famille ou amis capturés pêle-mêle puis retravaillés sur ordinateur. Il apprend les bases du montage et se familiarise petit à petit avec les techniques cinématographiques. Pour nourrir son imaginaire et développer son œil artistique, il prend exemple sur ses pairs, Wes Anderson et son Grand Budapest Hôtel ou le Climax de Gaspar Noé : «Si je parle aux gens du cinéma que je veux faire, je parle de ces deux réalisateurs.» Soucieux de bien faire et attentif aux détails, il peine pourtant à s’investir dans un projet d’envergure, inquiet à l’idée d’être déçu par le résultat. Il faut attendre juin 2021 et un petit coup de pouce du destin pour que le jeune homme se lance dans la réalisation de son premier court-métrage Hélium.
«J’avais un été devant moi et je me suis dit: pourquoi pas»
L’année scolaire est sur le point de se terminer, les beaux jours sont de retour et alors qu’il est sur le chemin de la maison après une journée d’école, Ilan tombe sur une affiche : la 8e édition du CourtsCarouge, un concours de courts-métrages à Genève. L’occasion est trop belle. Il lui faudra passer plusieurs fois devant l’annonce pour se lancer définitivement dans l’aventure, mais sa décision est prise, il se laisse un mois pour réaliser son premier court-métrage. Si le thème de cette 8e édition est «la légèreté», le processus créatif du jeune homme pendant ces quelques semaines aura été tout sauf léger. Tétanisé par la pression, il ne parvient pas à écrire la moindre séquence, à figer une idée de scénario qui saurait répondre à ses exigences. Il faudra l’intervention de son beau-père pour qu’Ilan se mette enfin au travail. «C’est quand il m’a dit que si je ne le faisais pas ce ne serait pas un drame, que tout s’est débloqué.» En quelques jours seulement il écrit le scénario, dessine les scènes sur des Post-its avant de les réarranger à sa convenance, contacte l’actrice et les différents membres de la technique, tourne son court-métrage et le monte. Hélium est né et le jeune réalisateur en herbe a enfin le cœur léger.
«Quand j’ai reçu le mail m’informant que je faisais partie des quatorze personnes sélectionnées, j’étais en classe et j’ai pleuré»
Quelques semaines après avoir envoyé son film au concours carougeois, le verdict tombe et Ilan apprend avec bonheur qu’Hélium fait partie des quatorze projets retenus pour être projetés au cinéma Bio pour une grande soirée représentation. Une belle reconnaissance pour le jeune homme qui avoue avoir versé une larme en apprenant le résultat. Mais l’aventure ne s’arrête pas là puisqu’Hélium est également récompensé lors de la soirée événement par le Prix Génération Léman Bleu. Un parcours exemplaire qui laisse présager un brillant avenir dans le métier. Il nous reste ainsi plus qu’à lui souhaiter que sa carrière s’envole aussi haut que les ballons roses de son court-métrage pour un jour peut-être, tutoyer les étoiles.


