Il n’est pas rare d’être interpellé par quelques caquètements provenant du Parc Colchique. Dans la Basse-Cour de Troinex, les personnalités des cinq résidents volatiles sont aussi attachantes que la responsable du projet, Sandra Prost. Rencontre et quelques fous rires.
Sandra Prost et Omega, la moins sauvage des poules.En face de la salle communale, le Parc Colchique rappellerait presque Alice aux pays des merveilles, sauf qu’on ne suit pas un lapin blanc. On passe les jardins bucoliques, les tas de bois pour hérissons et autres « hôtels à insectes ». Au fond de ce havre public de biodiversité, Thor, un coq imposant nommé comme un viking, sème la zizanie parmi les pondeuses du poulailler communautaire, en bon mâle alpha. « Tu commences à être pénible ! ». Du bout de ses ongles roses parfaitement vernis, Sandra Prost agite un bâton pour maintenir à distance ce coq massif qui, manifestement, n’aime pas trop les nouveaux visiteurs.
Sous la protection de la gardienne des lieux, on réussit à se faufiler à l’intérieur du poulailler où une petite poule grise toute déplumée – Neige, la plus jeune des quatre habitantes – est en train de couver son œuf du jour. « Il s’acharne sur elle cette année, ce gros vilain, un jour il finira en coq au vin ! ». Trentenaire tout sourire, Sandra Prost plaisante avec tendresse sur les cinq congénères qui peuplent cette basse-cour qu’elle a créé en 2019. « J’ai approché la Mairie sachant qu’ils avaient racheté cette parcelle avec sa ferme, incluant l’ancienne porcherie qu’on a rénovée et transformée en poulailler. » Depuis, ils sont quatre bénévoles à se relayer pour prendre soin de ces Troinésiennes à plumes que tout le monde peut librement venir observer. Et le week-end, il y a du monde, pique-niques et balades sont légion.


Projet d’œufs à prix libre
Carougeoise de naissance, Sandra a fait un apprentissage en conciergerie pour devenir agent d’exploitation. Elle s’installe en 2015 à Troinex après avoir obtenu le poste de responsable des bâtiments de l’école de Troinex. L’association de la Basse-Cour est une activité annexe. « Je viens tous les deux ou trois jours pour nettoyer le poulailler, vérifier les graines, ramener salades légumes et pain mouillé, car il leur faut une alimentation variée. » Puis, Sandra Prost ramasse les dix à douze œufs que ses « quatre louloutes » ont pondus. « Une poule pond un œuf par jour. » Alors, sur une idée de sa collègue de l’association, Nathalie Forestier, une boîte à œufs sera construite cette année et disposée à l’extérieur de l’enclos. Ceux-ci seront disponibles à prix libre pour les gens. Il suffira de faire un paiement twint (on les a goûtés, ils sont délicieusement frais).
Quotidien volatile
Sandra Prost a toujours côtoyé les poules. Du côté de sa famille italienne, elles faisaient partie de la maison. « Les poules sont grégaires, domesticables et elles ont surtout beaucoup de personnalité », décrit Sandra, en ajoutant que ces quatre-ci restent assez sauvages. Elles sont autonomes aussi, une trappe automatique leur permettant de se réfugier à l’intérieur au crépuscule. « Même si elles s’enfuyaient au-delà de l’enclos, vous pouvez être sûr qu’elles rappliqueraient illico à la nuit tombée ! » Sandra explique avec passion que les poules recréent immédiatement un système de hiérarchie. « Il y a la première dame, puis la seconde, la troisième etc. Il n’est pas rare de les voir se piquer entre elles, quand l’ordre n’est pas respecté par les suivantes ». Le quotidien avec poulet, ça ne rigole pas. « Si les poules pondent des œufs non fécondés toutes seules, le mâle assure reproduction et protection contre les prédateurs. Mais ce Thor, là, il a un vrai caractère de cochon ! Il les harcèle à tour de rôle. J’espère qu’avec l’arrivée de trois nouvelles poules avant l’été il va se calmer et arrêter de s’acharner sur la petite grise ».


Autre vie pour les poules
Malgré cette facette désespérante des réalités volatiles, l’attachement de Sandra à ces drôles d’oiseaux est évident. « J’en ai pleuré quand mon Donald a disparu avec le renard. Il était tellement chou, il venait quand on l’appelait… » Un jour, le compagnon de Sandra lui annonce la triste nouvelle. En allant courir vers le parc de Drize, il repère des plumes blanches qui le mènent jusqu’à un terrier non loin de là. Aucune trace dans le poulailler. Le travail du renard fut chirurgical. Aujourd’hui, le prédateur connaît les lieux. Loi du règne animal, il a fallu plusieurs fois trouver des remplaçantes. « Après un an, les jeunes poules ont moins de rendement pour les élevages importants ». Sandra promet donc une autre vie à quelques rescapées d’un élevage du Lignon, condamnées à l’abattoir quand elles ne sont plus assez productives. « Il faut prévoir 10 m2 pour une poule, plus d’une petite dizaine de colocataires ne ferait pas sens. Ici, l’idée n’est pas de faire grandir le poulailler, » Une étonnante chorégraphie nous coupe. Au milieu de Neige, Mandarine, Plume et Omega, Thor lance maladroitement une patte et une aile de côté : « ah oui, ça, c’est quand il dragouille ! » Ne fait pas le coq qui veut…

Adhérez à la Basse-Cour de Troinex !
Dix nouvelles personnes ont rejoint l’association depuis le brunch campagnard d’avril dernier. Si les gallinacés vous attendrissent aussi, que vous voulez vous occuper du poulailler, bénéficier des œufs ou les redistribuer, contactez :
Informations:
Sandra Prost
077 422 02 12