Situé au centre géographique de la commune, à l’intersection des chemins de Saussac et Lullin, le temple de Troinex se reconnaît par ses structures rouges et par son clocher métallique de même couleur. Remontons de plusieurs siècles dans l’histoire du protestantisme dans la région pour découvrir les différents lieux de culte que les fidèles de Troinex ont connus, jusqu’à la construction du temple actuel.

Les dates importantes
Création de la paroisse autonome de Troinex-Veyrier, qui faisait partie jusque-là de la paroisse de Carouge
Acquisition du terrain situé à l’intersection des chemins de Saussac et Lullin
22 nov : début des travaux et 23 déc: pose de la 1ère pierre
Agrandissement du temple et installation d’un nouveau clocher.
Réaménagement du parking et du parvis en raison de la création d’une crèche et d’un restaurant construits par la Commune
C’est le 21 mai 1536 que Genève adopta officiellement la Réforme et c’est à partir de cette période que l’on trouve la mention de la présence de protestants à Troinex et dans la région. Le Conseil et les Pasteurs de Genève (aujourd’hui la Compagnie des pasteur·e·s, des diacres et des chargé·e·s de ministère) décidèrent de créer dix paroisses rurales sur l’ensemble du territoire genevois de l’époque. Troinex fut attribuée à la paroisse de Bossey et notre village est cité pour la première fois dans un document de 1544: «Qu’il aye ung aultre predicant a Troynex et là ce devra fere ung temple et cependant le prescheur soyt mis a Bossey et viendront auxdits Troynex, Vessiez, Bossey, Sierne, Esvordes et Landissiez…». Nous voyons que le Conseil de Genève avait déjà l’intention d’ériger un temple à Troinex en 1544, c’est dire si celui-ci a été longuement désiré!
Troinex dans la paroisse de Bossey
Après la Réforme, les protestants de Troinex se rendaient donc au culte à Bossey, paroisse très étendue qui allait de Sierne à Neydens en passant par Veyrier, Evordes ou encore Landecy. Les distances à parcourir par les fidèles étaient longues et ceux-ci devaient parfois renoncer à participer aux cultes, notamment en hiver lorsque les chemins étaient trop enneigés.
En 1754, le traité de Turin conclu avec le roi de Sardaigne, Charles-Emmanuel III de Savoie, obligea Genève à renoncer à ses droits sur une partie de la région et dut notamment rendre certains temples au culte catholique dans un délai de 25 ans. C’est ainsi que le temple de Bossey fut restitué aux catholiques en 1779, ce qui nécessita une réorganisation des paroisses de la région. En 1783, Troinex fut donc, avec plusieurs autres communes, rattachée à la nouvelle paroisse de Carouge.

De nombreux lieux de culte
La paroisse de Carouge s’étendant sur un vaste territoire, les fidèles de Troinex et de la région cherchèrent à se réunir dans des lieux plus proches de leurs villages. En 1854, les registres de la Compagnie des Pasteurs mentionnent que des services religieux sont organisés à Landecy chez Mme Pictet-Micheli, veuve du Commandant Pictet, avec l’appui de familles protestantes des environs, en particulier les Lullin d’Archamps, Pictet de Troinex, Ormond, et d’autres voisins.
Vers 1890, la famille de Mme Georges Ormond mit à disposition un local au Crétalet où les réformés de Troinex purent se réunir pendant plusieurs années, probablement jusqu’en 1930. Dès cette date en effet, plus de 200 cultes furent célébrés dans la maison de la famille Deshayes au chemin Lullin. Lorsque le salon était devenu trop exigu, une salle attenante fut construite, d’une capacité de 100 personnes et dotée d’un harmonium. En été, des cultes en plein air étaient également organisés dans la propriété Buclin (photo ci-dessus).
En 1944, le Conseil de paroisse de Carouge-Troinex-Veyrier décida de louer, au rez-de-chaussée d’une villa du chemin de Saussac, un local qu’il transforma en salle de culte. La villa fut cependant vendue en 1957 et les cultes reprirent dans la propriété Deshayes.
La construction du temple de Troinex
En raison de l’augmentation de la population de la paroisse de Carouge, dont faisaient partie Troinex et Veyrier, il fut décidé en 1952 de créer une paroisse autonome de Troinex-Veyrier. Veyrier possédait déjà une chapelle située dans un joli parc et les fidèles de Troinex, toujours plus nombreux, ressentaient de plus en plus le besoin de disposer de leur propre lieu de culte. Une «Commission de la Chapelle de Troinex» fut constituée et celle-ci lança les démarches en vue de la construction d’un temple, à commencer par la recherche d’un terrain. Cette recherche se révéla plus que difficile puisque c’est après 19 tentatives de transactions qu’en septembre 1956, la 20ème aboutit enfin: un terrain d’environ 3000 m2, situé à l’intersection du chemin de Saussac et du chemin Lullin, put être acquis à la famille Houriet au prix de 16 francs le m2.
Dès lors, l’étude d’un nouveau temple, confiée à M. Minner, architecte, put débuter et le projet avança rapidement: le 22 novembre 1957, une pelle mécanique arrive sur place et commence son travail sur la parcelle défrichée par un groupe d’hommes (voir encadré), le 23 décembre 1957, une fête est organisée sur place à la fois pour la pose de la première pierre et pour célébrer Noël, et le 22 juin 1958, la dédicace du temple eut lieu en présence de près de 300 personnes. Le Journal de Genève du 23 juin relatait cet événement ainsi: «Avec ses lignes extrêmement simples, son éclairage fort bien ménagé, le nouveau temple a fait l’admiration de la foule qui assistait à la dédicace», alors que la Tribune de Genève relevait que M. Charles Pictet, Maire, «souligna la belle entente qui règne entre les autorités civiles et religieuses».

Le temple en 1958.
Les vitraux réalisés en 1962.
Le temple et le clocher aujourd’hui.Les vitraux de Jacques Wasem
En 1962, à l’occasion de ses dix ans, la paroisse commande des vitraux au maître-verrier Jacques Wasem, dont l’atelier se trouve à Veyrier. Réalisée selon la technique du verre éclaté, l’œuvre formée de 8 panneaux «éclate en une étincelante symphonie de couleurs» écrit le journaliste du Journal de Genève qui consacrait un article à Jacques Wasem le 28 juillet 1962. Et l’artiste de présenter son œuvre ainsi: «J’ai choisi le thème de l’espérance et j’ai réuni ses quatre symboles bibliques les plus beaux: l’arc-en-ciel, qu’accompagne la colombe de Noé, l’étoile de Noël, la croix et la flamme de la Pentecôte».
Le temple s’agrandit
Dans les années 1990, la paroisse se trouve à l’étroit et le temple mériterait un rafraichissement. Des études sont lancées et le projet d’agrandissement est confié à l’architecte Pierre Zoelly (qui avait notamment réalisé le Musée International de la Croix-Rouge à Genève en 1988), dont la mission était d’offrir des espaces plus grands et mieux éclairés, ainsi que de donner «un coup de jeune» au bâtiment extérieur. Le défi est parfaitement relevé par M. Zoelly qui offrit aux paroissiens de nouveaux locaux spacieux et lumineux et des espaces harmonieux. à l’extérieur, un nouveau clocher se dresse, moderne, reconnaissable de loin à sa structure métallique rouge.
Le temple aujourd’hui
Ces dernières années, le secteur du chemin Lullin a beaucoup changé: la commune a construit de nouveaux immeubles en face de la Ferme Rosset, des appartements en PPE ont été réalisés en face de la voirie et, surtout, la zone sportive a été entièrement remodelée pour permettre la construction d’une crèche, d’un restaurant, de vestiaires pour le tennis et d’un local pour les jeunes. Ce projet a d’ailleurs été possible grâce à la bonne collaboration entre la Commune et l’Eglise protestante de Genève, dont le parvis a été réaménagé à cette occasion. Prochainement, pour les 30 ans de la rénovation/agrandissement du temple, le campanile sera remis en état.
Le temple protestant se trouve désormais dans un quartier de Troinex qui est devenu un lieu de détente et de rencontre, notamment pour la jeunesse de la commune: un joli symbole et de belles perspectives, nous le souhaitons, pour l’avenir de cette paroisse.
Les Dames Protestantes et le Cercle d’Hommes
Deux groupes de paroissiens se formèrent dans les années 50 et prirent une part non négligeable dans le développement des activités et des lieux de culte de la paroisse de Troinex-Veyrier.
Les Dames Protestantes furent créées en 1955 et prirent notamment en charge l’organisation des cultes dans la maison Deshayes. Ce sont elles également qui offrirent la cloche du nouveau temple (voir deuxième encadré).
Le Cercle d’Hommes s’est formé en 1956 et une de ses premières activités fut de nettoyer la parcelle acquise par la paroisse en vue de la construction du temple. Le travail n’était pas simple, car il s’agissait de couper des arbres, arracher des souches, tailler une haie, etc. Une fois ces travaux terminés, le groupe d’hommes s’est réuni au restaurant la Chaumière pour rédiger les premiers statuts et constituer officiellement le Cercle.
Une cloche venue de Suisse allemande
Le 22 mars 1958, alors que le gros œuvre était quasi terminé, la cloche du futur temple était installée dans son clocher. Commandée à la fonderie Ruetschi à Aarau où elle fut coulée en présence de trois membres de la paroisse, elle fut livrée par train jusqu’à la gare Cornavin où des ouvriers allèrent la chercher. Une fois sur place, elle fut montée dans le clocher à l’aide de cordes tirées par des enfants de la paroisse. D’un poids de 200 kg, la cloche porte l’inscription «Seigneur, écoute ma voix». Elle sonna pour la première fois le samedi 22 mars à 16h15 à l’issue d’une cérémonie organisée pour cette occasion.

