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Les gens qui font Troinex

Portrait de François-Michel Ormond : Un kilomètre2 de mémoire

Descendant d’une lignée installée depuis le début du 19ème siècle dans la Commune, François-Michel Ormond, financier discret et amoureux de peinture, esquisse un attachement fort à Troinex en voyageant dans sa mémoire familiale.

François-Michel Ormond, 20ème personnage de notre série de portraits Les gens qui font Troinex.

C’est sur le pas de sa porte et sous les auspices d’un érable rouge flamboyant que débute la rencontre avec François-Michel Ormond. «Il a quarante ans cet arbre, comme la maison!», s’amuse-t-il, avant de nous accueillir sur une table de cuisine élancée et moderne comme lui, avec vue imprenable sur les vergers familiaux. De plain-pied, ces tranchées régulières de fruitiers offrent une perspective sur l’horizon comme sur l’histoire de leurs terres: «Mes ancêtres étaient des vaudois originaires de la Tour-de-Peilz venus à Troinex au début du 19ème siècle. Jacques Ormond, le frère de mon arrière grand-père, fut maire de Troinex puis conseiller d’Etat ; il a donné son nom au chemin qui vous a peut-être mené jusqu’ici…». Chaque année, depuis plus de vingt ans, les Ormond organisent une vente de pommes au verger, les mercredis et samedis, devenue une institution troinésienne. 

Douce enfance

Né entre deux soeurs, en 1941, François-Michel Ormond grandit à Troinex dans la maison familiale, séparée de celle de ses grands-parents par un petit pont au-dessus de la Drize. Il y passe le plus clair de son temps: «J’ai le souvenir d’un terrain de grande liberté entre ces deux bâtisses, au contact des deux générations». La première image de l’enfance est celle, tendre, de sa grand-mère, «protestante particulièrement ouverte pour son époque.» Cette complicité est déterminante. «Adolescent, je découvrais le jazz, qu’elle écoutait patiemment en ma compagnie, sans doute davantage pour me faire plaisir car je ne suis pas certain qu’elle appréciait particulièrement cela». Une femme indissociable de son frère parti trop tôt, Albert Kimmerling, héros de la famille et premier pilote à avoir volé en Afrique du Sud. M. Ormond évoquera un voyage effectué en 2024, sur les traces de ce grand-oncle, à Johannesburg. Poursuivant la visite guidée de sa mémoire, M. Ormond dépeint le privilège d’une enfance insouciante à jouer au football sur la route de Pierre-Grand avec les copains du village, dont la laiterie située au niveau de l’actuelle épicerie était le centre névralgique. «C’était l’effervescence. Il y avait des fermes un peu partout et les paysans amenaient chaque soir le lait trait de la journée. Je m’en rappelle comme si c’était hier. J’ai encore l’image de rubans rouges qui barricadaient le village ; des personnes bardées de grandes protections pour faire face à une grave épidémie de fièvre aphteuse. Je devais avoir une dizaine d’années». Grand amateur de golf depuis son plus jeune âge, le jeune Ormond devient champion suisse junior à l’âge de 16 ans, puis membre de l’équipe nationale suisse.

Maison béton

«Célibataire endurci» jusqu’à ses trente ans, il fait alors construire sa maison actuelle sur le terrain agricole d’en face, où pousseront les futurs vergers, bientôt exploités par Claude Ménétrey. «Au fond, j’ai simplement traversé la route, ce qui fait encore rire mon épouse aujourd’hui: elle se moque de moi en disant que je n’ai pas arrêté de voyager, mais sur un rayon d’un kilomètre carré». La maison est imaginée par l’architecte suisse Pierre Zoelly, devenu ami. «Il a toujours construit des maisons avec des matériaux et des lignes intéressantes, souvent à l’image de leurs propriétaires». Entre béton brut et bois, ici, l’intérieur est gorgé de lumière et de lignes ouvrant aux quatre vents, vers chaque point cardinal. En quoi M. Ormond, lui, ressemble-t-il à sa maison? La question nous brûle les lèvres. Il s’essaie: «Je dirais peut-être la transparence?». Avec Fabienne, épousée en secondes noces, ils devront assez vite quitter ce lieu qui ne peut abriter l’ensemble de la famille recomposée. Les Ormond vivront les trente années suivantes dans une propriété du hameau d’Evordes. Ils consacreront beaucoup d’amour et d’énergie à restaurer cette bâtisse du 18ème siècle et revitaliser le bocage. Mais l’attachement au bâti initial l’emportera. Leurs enfants devenus adultes, le couple reviendra dans la «Maison Haute».

Un artisanat de confiance

François-Michel Ormond fait carrière dans la finance, honorant le parcours de ses grands-parents et la tradition de gestion de fortune. «J’ai toujours considéré que c’était une sorte d’artisanat. J’étais porté par les relations de proximité avec notre clientèle, cimentées par la confiance et la discrétion.» Son père reprend le métier. Pensant assez tôt que le secret bancaire allait disparaître, il développera d’autres affaires, dont la fabrication des montres téléalarmes pour les personnes âgées. «Il était précurseur dans le domaine, développait ses propres idées, telle la création d’une société de courtages d’assurance. Mais moi, je me suis vraiment épanoui dans la gestion de fortune, tant j’appréciais de soigner ces liens de confiance avec la clientèle locale et internationale, pour laquelle j’ai beaucoup voyagé, cette fois-ci bien loin de Troinex.» En 1973, M. Ormond crée la banque privée Ormond Burrus avec son père et son ami Yves Burrus, avant de fusionner avec Ferrier Lullin, à son tour absorbée en 2006 par Julius Baer. En parallèle, pour conserver la transmission et ce lien de confiance avec certaines familles liées à la sienne depuis plusieurs générations, il co-fonde la société de gestion indépendante 1875 Finance, dont son fils a repris les rennes avec trois associés.

Le Salève et la bécasse

En arrière-plan de cette rencontre, la montagne se détache, loin d’être anodine. M. Ormond ouvre un livre sur le Salève qu’il avait préparé. Il est signé Dominique Ernst. Une dédicace amicale de l’auteur datée de 2023 atteste que la famille Ormond est en quelque sorte liée à la légende locale. «C’est vrai, ce geste m’a beaucoup surpris et touché, car j’ai pris la mesure de la présence de mes aïeuls dans la région. Mes grands-parents possédaient une ferme de cinquante hectares où ils aimaient étirer l’été jusqu’à l’automne. L’un de ces corps de ferme est donné par son père à la commune de Présilly, qui en fera la Maison du Salève. «à l’époque, on chassait avec des chiens d’arrêt à grelots. Nous emmenions mon grand-père, tous fiers lorsqu’il parvenait à tuer une bécasse! En revanche, la bécasse, ce n’était vraiment pas son truc. «J’ai toujours détesté blesser les animaux, encore moins les tuer». François-Michel Ormond était davantage un contemplatif, ce dont attestent plusieurs murs de la maison.

Les brumes 

«Je ne crois pas que j’avais de réelles dispositions pour en faire un métier, mais je n’ai jamais cessé de peindre». Des tableaux et sculptures jalonnent la déambulation à laquelle il nous invite. Certaines toiles sont celles d’amis artistes, dont les bleus océaniques d’une peintre bretonne qu’il admire. En pointillé parmi ces artistes, les créations de M. Ormond ressortent par leurs motifs récurrents. Des brumes masquent des lignes d’horizon systématiques: «Ce que j’aime à la montagne, ce sont ces mouvements des nuages, les éclairages. Quand je peins, c’est le tableau qui me dicte le chemin, et, au bout d’un moment, c’est comme si ce n’était plus moi qui effectuais le geste.» Son épouse le pousse à montrer ses oeuvres. Pour cela, elle organise depuis près de vingt ans les «vernissages d’un soir entre amis».

La transparence, donc. La même avec laquelle M. Ormond viendra à mentionner tout aussi discrètement la joie trouvée dans la prière qu’il tient à partager, conscient de la chance qu’il a de mener la vie qu’il a pu mener jusqu’ici. On sent chez M. Ormond l’envie de pouvoir donner quelque chose de ce privilège. Profondément touché – troublé en fait – par l’isolement des personnes âgées auxquelles il rend régulièrement visite dans le cadre de la paroisse protestante de Troinex-Veyrier, il citera «la vieillesse est un naufrage» du Général de Gaulle. Avant de nous raccompagner dans un sourire jusqu’au portail: «J’ai toujours été si bien ici, vous savez, je n’aimerais pas mourir ailleurs».

Bio express

1941

Naissance à Genève

1966

Bachelor (BBA) CalWestern University

1967-1968

Stages à New York, Londres et Paris

1973

Création Banque Ormond-Burrus

1975

Mariage avec sa première épouse

1976, 1977

Naissance de ses fils Jacques-Antoine et Frédéric

1978

Construction de la Maison Haute à Troinex

1995

Remariage avec Fabienne, puis déménagement à Evordes

2023

Retour à Troinex, Maison Haute

2024

Voyage en Afrique du Sud sur les traces de son grand-oncle


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