Réunis ce 25 mars dernier au parc de la Drize, les habitantes et habitants de Troinex ont trinqué en mémoire de l’illustre alpiniste Jean-Jacques Asper et planté en sa mémoire le deuxième «Arbre de Mérite» de la commune. Retour sur son incroyable exploit.
De gauche à droite: JJ. Asper; R. Dittert, E. Hofstetter, G. Chevalley et A. RochNous sommes alors en 1952, Jean-Jacques Asper, âgé de 26 ans à peine, et les membres de sa cordée se sont lancés le défi fou de gravir le Mont Everest. Le sommet le plus haut du monde, le pic que nul n’a jusqu’alors réussi à dompter. Ils n’ont pas de carte et un matériel rudimentaire : des crampons inadaptés, des bottes fabriquées en peau de bête et de lourds piolets.
Une ascension périlleuse
Les premières semaines d’ascension se déroulent bien mais arrivés à 6000 mètres d’altitude, ils sont confrontés à un problème de taille : une crevasse qui bloque complètement le passage et rend inaccessible la suite de la montée. Il faut donc encorder quelqu’un pour ouvrir la voie. Après un temps de réflexion, la décision est prise : ce sera Jean-Jacques Asper, le benjamin du groupe, qui traversera le premier. La pression est immense pour le jeune homme : « il n’a pas très bien dormi la nuit qui a précédé la traversée» confie sa fille en riant.
Le lendemain matin, le voilà accroché à une corde, pendu dans le vide à faire le balancier pour agripper l’autre côté de la crevasse et permettre à ses compagnons de traverser. Après plusieurs vaines tentatives, il parvient à atteindre un bouchon de neige sur le flanc opposé, à remonter la crevasse à la verticale, à tirer des cordes et à planter des piolets. Une tyrolienne improvisée est ainsi créée et les membres de la cordée peuvent se laisser glisser de l’autre côté de la crevasse les uns après les autres.
Alors qu’ils pensent que le plus dur est passé, ils sont contraints de s’arrêter à quelques dizaines de mètres du sommet, les conditions devenant beaucoup trop dangereuses pour la poursuite de l’ascension. La déception est immense mais les neuf hommes ne veulent pas tenter le diable, l’expédition est donc abandonnée.
L’année suivante, le Mont Everest sera gravi par une cordée britannique. Cordée qui a reconnu l’aide primordiale des Genevois qui avaient ouvert la voie l’année précédente vers le sommet.
Un exploit Troinésien
Aujourd’hui décédé, Jean-Jacques Asper était un homme de caractère, « un vrai montagnard », qui a toujours mené de front ses projets et sa vie.
Devenu père, il a continué à vadrouiller et à transmettre sa passion de la montagne à toute sa petite famille, notamment à sa fille Michèle qui raconte avec passion l’exploit de son père : «J’aimais bien échanger avec lui. Il notait toutes ses courses dans ses cahiers et même s’il était discret, quand
on le lançait, il pouvait parler des heures de ses aventures. Il se souvenait de tout.»
L’exploit du Troinésien, la commune ne l’a pas non plus oublié. Par deux fois déjà, elle a souhaité récompenser l’alpiniste.
Une première fois en 2010 où elle lui avait octroyé le mérite Troinésien et une nouvelle fois le 25 mars dernier, où un arbre a été planté en sa mémoire. «Ça fait des années que je pense à planter des arbres, si possible centenaires, pour les méritants avec une plaquette commémorative. L’objectif est que ces événements nous dépassent et restent dans le temps», explique le Maire de Troinex, Guy Lavorel.
L’arbre choisi cette fois-ci est de circonstance. Il s’agit d’un cèdre de L’Himalaya, un joli clin d’œil pour cet homme qui, s’il n’a pas pu atteindre le toit du monde, dominera bientôt du haut de sa cime la commune avec ces quelques 50 mètres de haut.
