Les statues de bronze de la célèbre sculptrice troinésienne font l’identité de la commune. Huit d’entre elles trônent dans le parc éponyme qui lui est dédié, auquel nous avions consacré un article il y a tout juste une année. Mais une petite dissidente avait échappée à notre regard: une pouliche, dont nous retraçons l’histoire au galop.

Elle semble trotter tranquillement sur la place de la mairie, à taille humaine: 173 centimètres de hauteur, 175 de largeur, que les enfants adorent chevaucher jusqu’à lustrer sa patine. Cette «jeune pouliche» réalisée en 1982, compose la série animale de sa créatrice, la sculptrice troinésienne Malbine. Âne, lion, chats ou tortues, l’objectif de l’artiste a toujours été que les plus jeunes puissent s’amuser sur son bestiaire de bronze.
Comme la statue du footballeur de Malbine, elle se trouvait à Troinex avant que les huit autres sculptures de la célèbre artiste intègrent le parc de Signal-de-Bougy, devenu Parc Malbine depuis 2017. Mais cette petite pouliche n’est pas fille unique. Elle a trois clones. Il fallait en effet à l’époque produire quatre exemplaires d’une sculpture pour qu’elle soit reconnue comme telle. Chacune de ces versions a été réalisée à la technique de la cire perdue. Il s’agit d’un procédé de moulage de grande précision, qui permet d’obtenir une sculpture métallique à partir d’un modèle en cire. Un moule était donc réalisé par Malbine à partir d’un premier plâtre de petit format, dans lequel était coulé le bronze. Après la fonte, l’artiste resoudait les morceaux de bronze ainsi obtenus, qu’elle retouchait à la main pour chaque exemplaire, leur conférant un caractère unique.
Si la deuxième version de la pouliche est celle dont il est question ici, ses trois sœurs équines ont vu leur destin se séparer: la première est au Signal-de-Bougy, où se trouve exposée la collection complète de l’artiste, soit 40 œuvres en grand format. La troisième est chez un collectionneur privé qui en a fait l’acquisition et la quatrième a voyagé jusqu’au Parc du Donjon de la Paix à Haïfa, en Israël, où sont également exposées 29 sculptures offertes au pays par Malbine.


Il faut savoir que la jeune pouliche est l’une des dernières sculptures de Malbine produites à Genève. En effet, la fonderie de Robert Pastori, où Malbine faisait couler ses bronzes à Carouge, a fermé ses portes en 1984. L’artiste, disparue en 2020 à l’âge de 103 ans, a consacré la fin de sa vie à pérenniser son héritage artistique.
La Fondation Art for Help, au bénéfice des enfants du monde, créée en 2011 par l’artiste centenaire, ouvre l’atelier de Malbine pour des visites commentées afin que le public découvre son lieu de vie et de création ainsi que des œuvres jamais présentées ou des travaux préparatoires.
Des visites publiques commentées ont lieu le premier et le troisième dimanche du mois de 10h à 12h.Les inscriptions se font sur le site artforhelp.ch. Sur demande, des visites privées sont également possibles à tout moment pour des groupes de maximum 10 personnes.
Sources:
• Nous remercions chaleureusement M. Jean-Charles Bruttomesso, président de la Fondation Art for Help, pour la transmission de ces précieuses informations.