Pompier volontaire depuis vingt-deux ans, Mickael Bourgoin est aujourd’hui capitaine de la Compagnie des sapeurs de Troinex. Portrait d’un homme engagé pour venir en aide à la population dans son temps libre.

« C’était le 28 janvier dernier. Mon pager avait sonné à 3h45 du matin. Le Nant-de-Sac avait débordé. Le niveau d’eau était monté relativement haut après de grosses précipitations et tout le parking du Chemin Lullin risquait d’être inondé. On a dégagé les grilles jusqu’à l’aube. à six heures, le réveil de mon autre vie sonnait déjà… » Être appelés à tout moment entre 19h et 6h du matin tout en bossant le lendemain ? Voilà à quoi s’engagent les pompiers volontaires à côté de leur autre travail respectif. Encore faut-il que le 118 soit appelé. Quand il n’est pas électricien le jour, Mickael donne de son temps depuis 2003 pour relayer le travail des pompiers professionnels chargés de répondre aux urgences ou catastrophes du quotidien. En tant que chef d’intervention et capitaine de la Compagnie des sapeurs pompiers de Troinex, Mickael Bourgoin est amené plusieurs fois par an à se rendre sur place pour évaluer un sinistre local, prévenir et coordonner les opérations avec les camarades de caserne. Le premier arrivé prend le lead.
En première ligne à Troinex
« Sur nos plages d’intervention, on est en première ligne dans la Commune. Si la situation est plus grave et dépasse nos compétences, comme un grand incendie, les professionnels seront présents et nous serons en renfort. En journée, on peut aussi se rendre disponible pour leur prêter main forte. Les compagnies volontaires sont très complémentaires des pompiers professionnels. On a un vrai rôle de reconnaissance, avec l’avantage de très bien connaître le territoire communal. Puisqu’on y habite, en général. Nous faisons régulièrement des exercices pour les accès aux installations et locaux techniques d’un nouveau quartier, par exemple. » Vingt-cinq sapeurs volontaires de 19 à 55 ans composent la chaine de commandement hiérarchique de la compagnie de Troinex, laquelle partage des responsabilités intercommunales avec celle de Veyrier. La compagnie fonctionne en autonomie, sous la responsabilité des autorités communales, qui investissent dans le matériel et les fonds alloués à la compagnie.


Fils électriques et feu de broussailles
D’où est venu son désir de devenir pompier ? En tout cas pas du cliché qui nous laissait l’imaginer rêvasser d’être un héros, enfant, devant les flammes indomptables du film Backdraft. Il n’avait pas non plus spécialement envie de corvées de pompes sous les hurlements d’un sergent mal luné. Non, du plus loin qu’il puisse remonter, c’est véritablement le sens du service aux concitoyens et concitoyennes qui a motivé son engagement. Ce n’est pas le feu mais d’abord l’électricité qui le séduit et l’embarque dans un CFC à l’âge de 15 ans. Après plusieurs brevets fédéraux en poche, il poursuivra son ascension professionnelle dans la gestion de projets électriques, jusqu’à obtenir une maitrise fédérale en 2020. Il est aujourd’hui responsable technique, s’occupe des normes et de la formation d’apprentis. En parallèle de ce parcours, il rejoint les pompiers volontaires de Lancy à l’âge de 22 ans, avant de déménager à Troinex avec son épouse pour élever leurs enfants dans un environnement plus calme et proche de la nature. « Les feux intentionnels de poubelles ou de caves, ça n’a jamais vraiment été mon truc. Mais il est essentiel à mes yeux de pouvoir consacrer du temps à protéger la population. » Ce sont plutôt les mésaventures naturelles à régler qui l’animent. Et au-delà du sentiment d’utilité, la caserne est aussi un parfait moyen d’intégration dans sa nouvelle commune.
L’esprit de camaraderie
« J’aime cet esprit de camaraderie. On est contents de se retrouver et grâce à ces liens, on sait qu’on peut toujours compter les uns sur les autres en cas de problème. » Un malaise, tracter son collègue, un coup de chaud durant les opérations ? Le pompier appartient à un corps, une chaine d’actions coordonnées face aux dégâts et sinistres de la vie courante. « Vous savez, ceux que l’on est le plus susceptibles de devoir secourir, ce sont avant tous nos camarades de caserne ». Un esprit d’entraide qui, pour Mickael, manque à notre époque plus individualiste, et qui pour lui explique en partie la difficulté de recruter parmi les plus jeunes. Un vrai enjeu pour la suite de cette vocation et surtout cet engagement citoyen qui oblige tout pompier volontaire à devoir trouver son suivant, lorsqu’à 60 ans maximum, l’obligation de la retraite s’impose. C’est un investissement volontaire qui prend du temps, entre le travail, la famille et les loisirs. « L’an passé, nous avons cumulé plus de 1’200 heures, toutes actions de la compagnie confondues. Ce serait bien que l’on soit un peu plus, pour se partager les tâches, les exercices et responsabilités ». Sachez-le, les pompiers volontaires de Troinex recrutent! (voir encadré)


S’adapter au changement climatique
« Mon souvenir le plus marquant ? Je crois que c’est la fois où je me suis retrouvé seul pour aller constater un feu de cabanon de jardin. Je le revois encore. Les flammes étaient impressionnantes. Là on se dit « ok le pompier c’est moi, il va falloir agir ». En vérité, les feux ne représentent que 5 à 7% du travail des pompiers. Ils s’occupent en majeure partie de sinistres et dégâts naturels tels que des chutes d’arbres, ou encore la récupération d’animaux vivants ou morts. Et paradoxalement, ce sont surtout les risques liés à l’eau qui les mobilisent le plus, surtout dans une commune comme Troinex, traversée par des cours d’eau. « Avec le réchauffement climatique, on connaît de plus en plus d’orages soudains, des évènements atmosphériques plus violents, des épisodes de sécheresse ou de crues importants, tout cela tend à se reproduire et s’amplifier. On le constate concrètement et on doit s’adapter. Avec l’appui de la Mairie, nous avons investi pour s’équiper davantage afin de mieux gérer ces risques devenus courants, qu’il faut anticiper. »
Quoi qu’il en soit, pour alerter les pompiers au présent ou dans le futur, s’il ne fallait retenir qu’un nombre : le 118… ou le 112, numéro européen d’urgence qui vous redirigera vers le bon service d’intervention. Ce dernier a l’avantage de pouvoir être composé même depuis un smartphone verrouillé.
Bio Express
Intègre les pompiers volontaires de Lancy
Mariage et déménagement à Troinex
Naissance de son fils Thomas
Naissance de sa fille Léa
Rejoint la compagnie de Troinex
Brevet fédéral de conseiller en sécurité
Brevet fédéral de chef de projet
Maitrise fédérale d’installateur électricien
Devient capitaine de la compagnie de Troinex


LES POMPIERS VOLONTAIRES DE TROINEX RECRUTENT !
Quels sont les critères pour devenir pompier volontaire?
Avoir 18 ans. Une visite médicale obligatoire auprès du médecin conseil permettra de déterminer l’aptitude physique à exercer cette fonction. En général, un jeune aspirant ou une jeune aspirante va passer au moins six mois de découverte, en caserne. Si la motivation se confirme, une formation officielle d’une quarantaine d’heures permet d’accéder au grade de sapeur et d’intégrer pleinement la compagnie. Ensuite, plus on se forme, plus on a de responsabilités et de temps à disposition, plus on est sollicité selon ses compétences spécifiques sur des opérations.
Que diriez-vous pour convaincre un jeune ou une jeune aspirant à devenir pompier ?
C’est une formation citoyenne formidable, un moyen de contribuer à aider la population et se sentir utile. C’est le sens du challenge, de l’action et du secours à l’autre. C’est aussi l’esprit d’entraide avant tout, dans un cadre à la fois sérieux et amical. C’est appartenir à un groupe et un merveilleux moyen d’intégration, en lien avec les actrices et acteurs de la Commune.